#33 Guillaume Dorvillé

Le ciel était bleu au dessus de l’océan. J’aurais bien du mal à décrire toutes ces couleurs fantastiques. Les vagues tombaient d’un seul coup, dans une détonation très nette. La crête de la vague faisait penser au contour d’une huître. La vague passée, l’eau devenait un magma de mousse calme et lisse. Puis la mousse s’estompait rapidement et l’eau prenait des teintes violettes. Un violet très pâle et iridescent. Le bleu de l’eau était proche du bleu que l’on voit dans la montagne, dans les glaciers. Un bleu qui vous saisit comme un froid polaire. Un bleu qui vous perce. Le violet, le bleu et le vert pâle de la vague translucide s’intercalaient comme dans un tableau de Sam Francis. C’était très beau. Mon père et moi regardions chaque changement de couleur. C’était très dur de regarder l’horizon car le soleil nous brûlait les rétines. On a eu soif. On est allé dans un bar pour boire un verre. On a prit le chemin que l’on connaît par coeur. On regardait le ciel et l’on confondait les avions avec les oiseaux. On a parié si l’on voyait l’océan depuis la digue. Et bien sûr on le voit, très loin après les dunes. On s’est demandé si le nouveau parvis était bien pensé. On a essayé de se souvenir comment s’était avant. On n’était pas nostalgique. En tous cas, je ne l’étais pas. On a marché puis on s’est arrêté au bar. On a rien dit d’important. Je crois que je n’ai pas parlé. Je suis souvent silencieux avec mon père. Je crois que je ne dis plus beaucoup de choses à pas grand monde depuis longtemps.